De la fantasy moderne au trésor retrouvé de l’ère coloniale : la littérature jeunesse coréenne en pleine effervescence

La scène littéraire jeunesse sud-coréenne démontre une vitalité remarquable, alliant le succès de la fantasy contemporaine à la redécouverte émouvante de trésors littéraires du passé. Deux événements récents illustrent parfaitement ce dynamisme : une rencontre avec l’une des autrices les plus en vue du moment et la réédition d’un recueil pour enfants datant de la période coloniale japonaise, longtemps cru disparu.

Rencontre avec Kim Hye-jung, l’autrice de la fantasy coréenne

Kim Hye-jung, l’écrivaine du roman à succès Quinze ans depuis cinq cents ans (오백 년째 열다섯), désigné comme le Livre de l’année 2025 par la ville de Pocheon, s’apprête à rencontrer ses jeunes lecteurs. Cet événement se tiendra le dimanche 31 août à 11 heures dans la salle de discussion de la bibliothèque de Soheul. Il promet d’être un moment privilégié pour les adolescents, leur offrant une occasion unique de partager leur passion pour la lecture et de puiser l’inspiration littéraire au contact direct de la créatrice.

Quinze ans depuis cinq cents ans est un roman de fantasy typiquement coréen, puisant son inspiration dans le mythe fondateur de Dangun et les contes traditionnels du pays. L’intrigue, centrée sur une guerre captivante pour des perles magiques entre le « clan Yaho » (des êtres mi-humains, mi-renards) et le « clan Horang » (mi-humains, mi-tigres), a su séduire un public de toutes générations. La qualité de l’œuvre est rehaussée par le style délicat de Kim Hye-jung, déjà acclamée pour des ouvrages tels que Le club de marche des treize ans (열세 살의 걷기클럽), et par les magnifiques illustrations de Jo Hyun-ah, célèbre pour son travail sur La lettre de Yeon (연의 편지).

Cette rencontre est une opportunité précieuse pour les jeunes de poser leurs questions à l’autrice, de découvrir les coulisses de la création et d’explorer en profondeur son univers littéraire. Les inscriptions, ouvertes à tous les adolescents, débuteront le 14 août à 10 heures sur le site web de la bibliothèque de Soheul, selon le principe du premier arrivé, premier servi.

La renaissance du « Paradis des enfants », une lueur d’espoir de l’époque coloniale

Parallèlement à cet engouement pour la littérature moderne, un pan oublié de l’histoire littéraire coréenne refait surface. Le Paradis des enfants (아동낙원), un recueil de poèmes et de chansons pour enfants composé par Lee Won-gyu, a été réédité 97 ans après sa publication initiale en 1927. Lee Won-gyu fut une figure pionnière qui, durant la difficile période de l’occupation japonaise, s’est consacré à l’écriture pour la jeunesse. Son objectif était de chanter l’espoir et d’éveiller l’âme de la nation à travers les enfants, qu’il considérait comme le trésor du pays et les futurs bâtisseurs d’une Corée indépendante.

Né en 1890, Lee Won-gyu fut enseignant avant d’occuper des fonctions administratives. Il auto-publia à ses frais 500 exemplaires du Paradis des enfants, qu’il distribua lui-même. Après la libération de la Corée, un seul exemplaire subsistait, mais il fut malheureusement perdu durant la guerre de Corée. Longtemps considéré comme disparu à jamais, un exemplaire a finalement été retrouvé au Musée de la musique populaire coréenne. Grâce à cette découverte, le livre a pu être fidèlement restauré, à l’exception de deux pages intérieures manquantes, et enfin réimprimé. Ce recueil, qui a failli sombrer dans l’oubli, peut désormais transmettre sa poésie et son innocence aux enfants d’aujourd’hui.

L’ouvrage contient non seulement des poèmes de Lee Won-gyu, mais aussi des chansons célèbres de Yoon Geuk-young comme « La Demi-lune » (반달), ainsi que des pièces de théâtre pour enfants, telles que « Les cinq oisillons frères et sœurs » (어린새 오남매) et « Le festin des souris » (쥐의 잔채). À une époque où le théâtre pour enfants était rare, « Le festin des souris » offrait aux plus jeunes une manière ludique et instructive de comprendre le monde des humains à travers celui des animaux.