Alors que les universités américaines s’apprêtent à accueillir une rentrée record en nombre d’étudiants, elles font face à des coupes budgétaires sévères qui les obligent à envisager des mesures de réduction de coûts drastiques. En cause, notamment, les décisions de l’administration Trump qui continuent d’impacter les établissements publics et privés à travers le pays.
Des hausses de frais pour les étudiants hors-État
Dans le Midwest, plusieurs universités publiques ont déjà décidé d’augmenter les frais de scolarité pour les étudiants venant d’autres États. La Floride envisage pour la première fois depuis 2012 de suivre cette même voie. Ces ajustements tarifaires interviennent dans un contexte où l’afflux d’étudiants est pourtant en forte hausse, ce qui pourrait en théorie générer des recettes supplémentaires.
Des suppressions de postes dans les grandes universités
Certaines institutions prestigieuses comme Cornell ou Duke étudient désormais la possibilité de licencier du personnel. L’Université du Minnesota, quant à elle, a annoncé la suppression de plusieurs centaines de postes, alors même que les frais de scolarité y augmentent jusqu’à 7,5 % pour les licences. Ces décisions témoignent d’une tension budgétaire croissante au sein du monde académique.
Un contexte politique et économique instable
Les incertitudes économiques et les aides limitées des États alimentent les inquiétudes. À cela s’ajoutent les mesures fédérales impulsées par les Républicains à Washington : des réductions de financement public et des menaces de hausses d’impôts accentuent la pression sur les budgets universitaires. Résultat : étudiants comme employés risquent d’en subir les conséquences. Les responsables d’établissements avertissent que de nombreux étudiants devront payer davantage, des enseignants perdront leur emploi, certaines filières pourraient disparaître et les services d’accompagnement se voir réduits.
L’Ohio encadre l’application de la nouvelle loi sur l’enseignement supérieur
Dans l’État de l’Ohio, le Département de l’enseignement supérieur vient de publier des directives destinées aux universités pour les aider à appliquer la nouvelle loi SB 1, qui entrera en vigueur fin juin. Ce texte très controversé, signé par le gouverneur Mike DeWine en mars, bouleverse en profondeur le fonctionnement des établissements publics.
Des mesures contraignantes et des délais serrés
SB 1 interdit notamment les programmes liés à la diversité, à l’équité et à l’inclusion sur les campus, empêche les grèves des enseignants, limite les protections liées à la titularisation des professeurs et interdit aux institutions de se prononcer sur des questions politiques ou sociétales jugées controversées.
Dès le 27 juin, les universités devront publier une « déclaration d’engagement » sur tous les supports où figure leur mission officielle. Elles devront également modifier leurs systèmes d’évaluation des enseignants pour inclure de nouvelles questions telles que :
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L’enseignant favorise-t-il un climat de classe sans biais politique, racial, de genre ou religieux ?
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Les étudiants sont-ils incités à exprimer des opinions diverses en cours ?
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Sur une échelle de 1 à 10, quelle est l’efficacité des méthodes pédagogiques de l’enseignant ?
Rationalisation des programmes peu fréquentés
Autre exigence de la loi : d’ici au 26 août, les universités devront supprimer les formations de licence diplômant moins de cinq étudiants en moyenne sur une période de trois ans. Un système de dérogation est toutefois prévu : si l’État accepte la demande, le programme concerné disposera de deux années supplémentaires pour répondre aux critères imposés. Faute de quoi, il devra être définitivement supprimé.
Face à ces bouleversements, les établissements américains entrent dans une phase d’incertitude majeure, où la pression financière pourrait durablement remodeler l’enseignement supérieur.